

L'au-delà
Il y a bien longtemps, avant l’avènement de Béilirus, la vie après la mort récompensait les Kalthéens pieux et fidèles. Naldröth, Zaröth et Athrödil étaient les gardiens du portail du dernier voyage et les créateurs des deux royaumes de l’au-delà. Le premier gouvernait des terres idylliques où l’existence était douce et paisible : les Horizons d’Ivoire. Le deuxième régnait sur la Fosse, ultime demeure des âmes condamnées à purger une peine éternelle pour leurs fautes. La troisième, quant à elle, avait la lourde tâche de répartir les défunts entre ces deux destinées. Athrödil réside, encore aujourd’hui, au Purgatoire tandis que ses augures s’égaillent à travers les royaumes, traquant les âmes errantes pour les guider jusqu’à elle.
À cette époque, ces trois divinités étaient profondément respectées et vénérées. Avant que Quilshik ne leur confie ces responsabilités, les âmes des morts étaient livrées au néant. Leur existence apporta donc de l’espoir aux Kalthéens et leur donna une raison d’être bons, les détournant de nombreux travers.
L’Avènement de Béilirus ébranla l’harmonie du monde. Le roi démon, dans une fureur sanguinaire, assassina les dieux les plus chers au cœur des mortels. Il massacra Naldröth et son royaume avant de s’emparer du trône de Zaröth. Les défunts plongèrent alors dans une nuit éternelle de désespoir et de souffrance.
Bien que Béilirus ait été repoussé au plus profond de la Fosse, Nexa, l’héritière de Naldröth, échoua à restaurer l’équilibre. Au fil des décennies, les Kalthéens perdirent tout espoir, conscients qu’ils étaient désormais condamnés à une existence de servitude, soumis à la créature la plus redoutable que le monde ait jamais connue.
Nexa consacre une grande partie de son énergie à la réhabilitation des Horizons d’Ivoire, mais ses efforts demeurent jusqu’à présent vains. Elle a dispersé sur Kalthéon de rares reliques permettant à leurs chanceux propriétaires d’y abriter leur âme, dans l’espoir qu’un jour, l’équilibre soit restauré. De nos jours, la résurrection est devenue extrêmement complexe. Ramener un défunt à la vie nécessite des sacrifices immenses que peu sont prêts à payer.
◈ La légende de Vinge et Ilke
Selon les légendes, Vinge était une jeune fille qui aurait péri dans d’atroces souffrances, quelques siècles avant l’Avènement de Béilirus. Son agonie fut si intense qu’elle donna naissance à une créature nommée Ilke. Bien que l’enfant ait succombé, l’âme de Vinge ne rejoignit jamais le Purgatoire. Ilke protégea Vinge et la tint cachée aux yeux des augures d’Athrödil.
Le duo était autrefois redouté parmi les Kalthéens mais, depuis la chute des Horizons d’Ivoire, leur réputation se transforme lentement. Lorsque la mort approche, certains Kalthéens prient encore pour que Vinge et Ilke ne les trouvent pas avant les augures. En enlevant ces âmes, ils les condamnent à une errance éternelle avant de les laisser rejoindre un essaim spectral. Ironiquement, certains Kalthéens commencent à considérer que cette destinée est moins terrible que celle de la Fosse Infernale.
Vinge et Ilke n’ont jamais été dépeints comme des êtres abominables, leur conduite reflétant plutôt une innocence profonde. Pensant sincèrement venir en aide aux défunts, ils les accueillent pour apaiser leur souffrance face à une mort souvent tragique et injuste.
Bien qu’aucun vivant n’ait jamais pu les voir, les légendes décrivent précisément ces entités. Ilke, un être féroce, a un regard doux et empreint de tristesse quand il s’agit de veiller sur Vinge. Son corps sombre est surmonté d’un crâne orné de quatre cornes, à l’intérieur duquel l’âme brillante de Vinge trouve refuge. Vinge reste bienveillante malgré sa mort tragique. Elle réconforte les défunts égarés et dissipe leur méfiance avec son visage rond et pâle, encadré de longs cheveux blonds.
Le duo est parfois à l’origine d’un événement terrifiant survenant en Kalthéon. En effet, il arrive à Ilke de perdre son sang-froid sans que Vinge parvienne à l’apaiser. Il part à la recherche d’âmes en plein voyage vers le Purgatoire, les arrachant aux griffes des augures. Cela provoque l’apparition de multitudes d’essaims spectraux que les Kalthéens appellent « la Brume des Maudits ».