
Tieffelin

Les tieffelins sont issus de croisements entre humains et démons. Leurs origines ainsi que leur implication dans l’Avènement de Béilirus ont rendu les autres populations particulièrement méfiantes, voire hostiles vis-à-vis de leur espèce.
Biologie
Les tieffelins ont, parmi leurs caractéristiques démoniaques, une queue, des dents pointues et des sabots. Un nombre variable de cornes poussent également au cours de leur adolescence, prenant la forme de celles de leur parent démon le plus proche. La part humaine de leur nature se manifeste physiquement sur le reste de leur corps, qui ressemble en tout point à un homme ou une femme, à l'exception des fines écailles recouvrant leur peau. Celle-ci prend des couleurs inhabituelles, tout comme leurs yeux et leurs cheveux. Il est donc difficile, pour un tieffelin, de cacher sa véritable nature.
Histoire
L’histoire des tieffelins débute avec Elvon et Asantae, un frère et une sœur humains. En l’an 303 av. B., après avoir traversé tout le continent, les deux aventuriers intrépides cherchent un moyen de se rendre là où aucun explorateur n’a jamais osé s’aventurer. Souhaitant voir leur nom entrer dans l’histoire, ils programment leur prochain voyage vers un lieu inconnu de tous les vivants : la Fosse Infernale. Déterminés, ils passent plusieurs années à concevoir un bateau capable d’emprunter l’immense cascade de l’Est pour s’y rendre indemnes et en secret, convaincus qu’ils seront reconnus comme les plus grands explorateurs de leur ère, dépassant même ceux d’Anjahd.
Enfin, le jour venu, leur navire magique descendit avec fracas, mais avec succès. Ils atteignirent les tréfonds de la Fosse. L’exaltation de la découverte fut de courte durée pour le frère et la sœur lorsque, sortant à peine de leur esquif, ils prirent pleinement conscience du danger qu’ils avaient éveillé. D’innombrables démons, aux corps charnus et informes, inconscients de l’existence des Kalthéens, peuplaient le plan. Ces monstres hagards ne tardèrent pas à mettre en pièces le navire des deux explorateurs dans une frénésie infantile. Elvon fut tué alors qu’il cherchait à détourner l’attention des monstres pour aider sa sœur à fuir, en vain. Prisonnière des démons, Asantae fut forcée de leur apprendre ses origines et déclencha ainsi la première incursion démoniaque. À l’insu de Zaröth, leur gardien, habitué à des millénaires de quiétude, les démons modelèrent leur chair afin d’escalader le Tenwa jusqu’à Kalthéon. Ils y commirent d’innombrables atrocités, mus par une curiosité perverse, découvrant tous les plaisirs et les vices du monde des vivants, auxquels ils s’adonnèrent avec abandon. Il fallut cinq ans aux Kalthéens pour repousser les envahisseurs démoniaques et permettre à Zaröth de reprendre le contrôle de la situation.
Asantae ne parvint jamais à s’échapper de sa prison de rouille et décéda quelque temps plus tard en mettant au monde le premier tieffelin connu : Nyr. Celui-ci fut recueilli par un puissant démon, qui l’éleva dans les profondeurs de la Fosse. Les naissances de tieffelins se multiplièrent ensuite dans les foyers kalthéens victimes de l’incursion démoniaque. Lorsqu’ils n’étaient pas tués à la naissance, les enfants étaient, pour beaucoup, abandonnés et recueillis par des âmes charitables ou des institutions louant la première déesse de la famille, Pheldia. Détestés pour leur ascendance, ces quelque milliers d’orphelins n’eurent pas une vie aisée.
Par la suite, la population tieffeline s’agrandit par l’accouplement de tieffelins avec d’autres membres de leur espèce.
Alors que l’Âge Impérial s’acheminait vers une fin tumultueuse, les tieffelins semblaient être parvenus à s’intégrer dans toutes les strates de la société kalthéenne. Mais en l’an 0, ceux qui étaient devenus des parents, amis, voisins et confrères se retournèrent contre Kalthéon tout entier. Les tieffelins commirent de terribles attentats contre les administrations impériales, contre des paroisses et, parfois, contre les serviteurs directs de certains dieux, préparant le terrain pour l’assaut imminent de Béilirus.
En vérité, Nyr, le premier tieffelin, élevé dans les ténèbres de la Fosse, était entré pleinement au service de Bélirus. Au moyen de son sang, il avait établi un rituel le liant par la pensée à ses congénères. Susurrant des promesses de pouvoir à ceux qui haïssaient toujours les Kalthéens, et des menaces cauchemardesques aux autres, Nyr était parvenu à changer ce peuple en une arme perfide pour son seigneur infernal. Rares furent ceux qui résistèrent à Nyr, pensant parfois être devenus fous ou sous-estimant la portée de son influence.

Lorsque les tieffelins prirent conscience de l’ampleur de leur crime, il était déjà trop tard. La guerre était perdue et les peuples se réfugiaient sous terre, défaits. Malgré leurs suppliques, aucun tieffelin ne fut admis dans les cités souterraines. Ils furent forcés de survivre pendant près de huit siècles, tiraillés entre les dieux restés à la surface et les légions infernales, jusqu’à ce que les démons soient chassés de Kalthéon en l’an 823 ap. B.
Aujourd’hui, quelques tieffelins se sont réintégrés à la société, mais beaucoup craignent encore la rancune tenace des autres Kalthéens envers leurs ancêtres. Ils préfèrent donc, en général, vivre en communauté à l’extérieur des grandes villes cosmopolites.
Religion
Les tieffelins de la communauté nyrienne tournent vers les rites infernaux. Entre pactes de sang et sacrifices, les démons se contentent d’actes mauvais pour accorder leur attention à leurs sujets.
La communauté tieffeline des Silencieux s’est tournée vers Ephirëm, déesse de la lune et créatrice des altars. À l’origine de cette affinité, le nombre d’enfants tieffelins recueillis par les altars lors des premières naissances en l’an 298 av. B. Les Silencieux copient donc les rites des Altars.
Communautés
Il existe trois grandes communautés tieffelines aux modes de vie bien particuliers :
Les Exilés : ce sont les tieffelins qui cherchent le plus à réintégrer la société kalthéenne. Leurs ancêtres, manipulés par Nyr, ont amèrement regretté. Connaissant leur passé et les persécutions auxquelles ils peuvent faire face, les Exilés sont extrêmement vigilants et ont souvent une vie de nomade sans attaches. Cependant, lorsqu’ils parviennent à trouver un endroit où rester, ils s’y installent pour longtemps. Ils cherchent en général à mener une vie de quiétude et à passer inaperçus, ou à racheter la faute de leurs aïeux.
Les Silencieux : cette communauté vit en autarcie. Les Silencieux se terrent dans la zone appelée la Colère d’Hagenfall. Ils souhaitent simplement vivre en paix et en harmonie avec les leurs, laissant derrière eux toute aspiration au repentir ou à la vengeance. Il y a 120 ans, en 1333 ap. B., une barde du nom d’Erellda Cœur-de-Saule trouva plusieurs enfants tieffelins au fin fond d’un marécage. Refusant de s’abaisser à la cruauté des autres Kalthéens, elle les accueillit et les emmena en lieu sûr. Ainsi fut bâtie la première cabane du Foyer d’Erellda. Peu à peu, les tieffelins trouvèrent refuge chez elle et y restèrent, élargissant peu à peu la communauté. Aujourd’hui, malgré son étrange longévité, Erellda dirige seule son peuple. Sa parole, symbole de sagesse, n’est jamais remise en cause et tous l’écoutent sans sourciller. Mais, ces dernières années, la santé de la belle Erellda semble se dégrader. Elle vit désormais enfermée dans ses appartements, isolée de tout danger, au milieu de draps de soie, en compagnie de sa fidèle panthère blanche, Ranor.
Les Nyriens : Nyr, premier tieffelin du Tenwa, fut élevé par le démon supérieur Umyt. Devenant un démon plus qu’un tieffelin, il gagna en puissance et contacta, après l’Avènement de Béilirus, les autres tieffelins. Peu à peu, il rallia à sa bannière des centaines d’individus. Ces partisans ont à cœur leurs origines démoniaques. On les trouve majoritairement dans l’Est, sur les terres du Versang, au plus proche de la Fosse Infernale, mais également dans des camps secondaires dissimulés partout dans le monde. Ils sont facilement reconnaissables à leurs peintures de guerre rougeâtres et parfois même sanglantes. Ils sont dirigés par Nyr et Anthracis, une tieffeline. Fer de lance des armées infernales, elle mène ses troupes dans des actes violents comprenant massacres, enlèvements et tortures. Elle dirige seule la cité de Kaleth-Tragh, mais elle a, à ses côtés, deux généraux démons. Situés au-delà de Délivrance, ils offrent une base de choix pour les armées infernales remontant de la Fosse.
Relations et économies
Les tieffelins sont craints et peu appréciés par la plupart des Kalthéens. Mais quelques espèces recluses ou nouvelles n’accordent aucune importance au passé. C’est notamment le cas des éthréals, des altars et des fahruns. En revanche, ceux reconnus comme Nyriens sont immédiatement arrêtés.
Noms féminins : Valtha, Chaëseth, Néleph, Thelsa, Enési, Landarënn, Alfi, Winta, Tolveth.
Noms masculins : Aphrëm, Sélenh, Cirus, Alareth, Kilareth, Venh, Thilus, Vasa, Sovein, Iarus.
Origines
Les tieffelins ont vu leurs origines donner lieu à bien des débats. Rejetée par la plupart des peuples, cette espèce à part entière a suivi trois voies différentes pour espérer survivre. En raison du temps, des lignages et même de certains rituels, les tieffelins sont aujourd’hui très différents les uns des autres, tant dans leur apparence qu’en matière de compétences.
Nyrien
Souvent reconnaissables par leur couleur rouge, les Nyriens comptent dans leur lignée bien plus de démons que leurs cousins éloignés. Ce peuple vit en autarcie, au sein même du Versang. Mais d’autres rôdent en toute discrétion à l’intérieur des terres. Ils tiennent leurs capacités de leur sang infernal et des rituels qu’ils réalisent pour les armées de Béilirus.
Silencieux
Terrés dans la Colère d’Hagenfall, les Silencieux vivent loin de la civilisation, en parfaite autonomie. Trop craintifs pour risquer à nouveau une alliance avec les autres espèces, ils développent des moyens impressionnants pour se faire oublier de tous. Certains pensent que c’est la mystérieuse Erellda Coeur-de-Saule qui serait à l’origine de leur communauté.
Exilé
Issus des tieffelins les plus téméraires, les Exilés ont fait le choix de survivre au sein des communautés kalthéennes, à leurs risques et périls. Ne parvenant pas toujours à se faire une place, certains parcourent les routes, en quête d’un foyer paisible. Pour d’autres, c’est l’appel de l’aventure et de la découverte qui les pousse à continuer chaque jour leur voyage.