
Fahrun

C’est à Markach qu’est née la race des fahruns, la toute première forme de vie synthétique créée non pas par des dieux, mais par des Kalthéens. Leur peuple encore jeune peine à se faire une place sur Kalthéon. La conception de ces êtres pose de nombreuses questions et, encore aujourd’hui, mages comme scientifiques ne sont pas exactement sûrs du procédé qui a donné vie, autonomie et individualité aux fahruns.
Biologie
Depuis l’émancipation de leur peuple, certains fahruns ont modifié leur aspect originel, qu’ils tenaient des artisans markarchs. Outre leur enveloppe formée de plaques d’apparence rocailleuse, leur sang huileux et leur cœur illuminant leurs fissures d’une lueur orangée, les individus ont des particularités les différenciant les uns des autres. Dotés d’une paire de jambes à deux orteils, ils se focalisent principalement sur la création des bras. Les plus traditionnels, gardant la morphologie façonnée par leur créateur, construisent une première paire de bras à quatre doigts ainsi qu’une deuxième, plus utilitaire, avec une sorte de grande paume servant de pelle ou de marteau.
Histoire
Les fahruns ont vu le jour plusieurs décennies après le début de l’Âge de la Reconquête. La population de Markach, très fidèle aux valeurs et aux ambitions de Thaldröck, creusa si profondément la terre qu’elle trouva des pierres lumineuses à l’aura étrange. C’est en les étudiant pour définir leur prix qu’un nain s’aperçut que les pierres palpitaient comme un cœur. Fiers et surtout intrigués par leur découverte, les mineurs la confièrent à des ingénieurs et alchimistes pour qu’elle soit étudiée. Ces derniers conclurent que Thaldröck avait récompensé son peuple en leur offrant ce qu’il y avait de plus précieux : la possibilité de créer la vie.
Enchaînant les expériences, les Markachs finirent par réussir à concrétiser l’impensable en assemblant et en expérimentant plusieurs matières et ingrédients : des créatures prirent vie et furent nommées « fahruns » en hommage à l’un des fils demi-dieux, décédé, de Thaldröck. Voyant en leurs créations une récompense à leur dévotion, les habitants traitèrent les fahruns comme des outils pendant longtemps. Les fahruns devinrent des serviteurs, et la croissance de la jeune civilisation markache s’en trouva décuplée. Si bien qu’elle finit par se reposer presque intégralement sur eux pour toutes les tâches manuelles dangereuses et éprouvantes. Mais, peu à peu, la conscience des fahruns se développa jusqu’à devenir aussi forte que celle de n’importe quel être civilisé. Ils demandèrent alors leur émancipation. Sans surprise, leurs créateurs refusèrent et les firent se taire, cachant leur existence au reste du monde. Ainsi, les fahruns continuèrent longtemps à souffrir de leur condition d’esclave.
Les rébellions s’accumulèrent et les Markachs prirent réellement peur lorsque des fahruns réussirent à donner eux-mêmes la vie aux leurs. Ils n’avaient plus besoin de leurs créateurs pour se répliquer. Finalement, la rébellion des Brumes donna l’occasion à quelques fahruns de s’échapper. D’autres, dans plusieurs autres cités du même royaume suivirent. Au fil des années, suffisamment de fahruns firent irruption dans les villes pour que la population mondiale comprenne qu’une nouvelle espèce était sortie du fin fond des montagnes du Sud. Les Markachs, qui avaient soigneusement dissimulé cette information, durent rendre des comptes à leurs alliés mécontents, qui les accusaient de cacher une telle découverte au monde et de créer une armée susceptible de menacer la frêle alliance des peuples. Se tint alors le procès des Faiseurs de vie.

Aujourd’hui, les fahruns sont totalement acceptés en société, même s’ils restent pour beaucoup un mystère.
Religion et rites funéraires
Thaldröck et les Marckachs furent longtemps vénérés par les fahruns. Aujourd’hui, ce peuple s’en est éloigné. La crainte de l’esclavage engage de nombreux fahruns à refuser toute forme d’assujetissement à une divinité. Ainsi, même si il arrive aux fahruns de devenir des champions du panthéon Kalthéen, il est rare qu’ils professent la même foi que d’autres peuples. Cependant, il existe une entité qu’ils honorent plus qu’ils ne la vénèrent : Eomna, le monticule.
Ils tirent leurs traditions de leurs propres activités et non d’une quelconque divinité. Pour les mariages, ils s’échangent une plaque entre amants fahruns. Pour le traitement des défunts, ils emmènent les corps à Eomna et récupèrent les cœurs pour créer de nouveaux enfants.
Relations et économies
Les fahruns sont en mauvais termes avec les citoyens de Markach bien qu’aucune guerre n’existe entre eux. Ils les évitent et les Markachs font de même. Ils sont, en revanche, bons alliés avec les kalrans souterrains grâce à leur aide durant leurs années d’asservissement. Beaucoup de fahruns trouvaient effectivement refuge dans leurs rares cités souterraines.
Les fahruns ont une très grande intelligence et une armure naturelle grâce à leurs plaques. Nombre d’entre eux sont formés en alchimie ou à l’utilisation d’objets technologiques du fait de leur héritage markach. Ils peuvent donc marchander leurs services ainsi que des potions, des améliorations technologiques et des accessoires dignes de bons alchimistes et ingénieurs.
Les fahruns ne sont pas très avides. Les possessions matérielles ne les intéressent guère et ils seront donc plus disposés à acheter des services ou du matériel absolument nécessaire qu’à accumuler des richesses. Encore habités par la curiosité propre à la jeunesse de leur peuple, ils ont pour seule avidité celle d’apprendre. Ainsi, ils sont particulièrement passionnés par les livres et les parchemins.
Spécial : façonnage
Les fahruns récupérent les cœurs de leurs défunts, ils construisent leurs enfants pendant de longs mois et les façonnent avec minutie. Cette manière de faire a entraîné de nouvelles formes corporelles pour cette espèce, qui a toujours été construite sans distinction entre les individus, pour les tâches physiquement exigeantes des Markachs. Trois constitutions physiquement viables ont été trouvées au fil du temps et sont donc principalement façonnées aujourd’hui. Certains parents fahruns ont préféré supprimer les bras pelleteurs que les Markachs leur avaient attribués pour mettre leur passé d’esclave derrière eux.
Les noms des fahruns sont pour le moins étranges aux oreilles des autres Kalthéens. Les premiers individus conscients, emprisonnés au fond des mines, ne connaissaient que le nom des pierres qu’ils creusaient. Ils s’identifièrent donc avec. Cette tradition demeure depuis, mais quelques lettres sont maintenant modifiées, supprimées ou ajoutées pour se différencier.
Spécial : Eomna, le monticule
Nés au fond des mines, les fahruns ont vécu longtemps loin de l’influence du panthéon, hormis celle de Thaldröck. Ils n’ont appris l’existence des autres qu’après la rébellion des Brumes, qui les amena à véritablement fouler les terres de Kalthéon. Les fahruns, déçus par leur premier dieu, un nain obsédé par les avancées technologiques et indifférent à leur souffrance, choisirent de ne pas se tourner immédiatement vers les autres divinités. Ils se forgèrent donc peu à peu une identité loin du royaume de leur passé cauchemardesque, et se constituèrent des traditions.
Au départ, Eomna n’était rien de plus qu’un rite transmis entre fahruns. Refusant d’enterrer leurs morts pour ne pas les renvoyer sous terre et incapables d’immoler l’intégralité de leurs dépouilles, les fahruns ne trouvaient aucune solution pour faire les derniers adieux nécessaires à leurs défunts. Tout commença dans une petite communauté de fahruns qui s’était rassemblée pour survivre après avoir échappé aux Markachs. On dit que leur village serait dissimulé au fin fond de Raïtan, loin de tous les regards. Ne sachant que faire de leurs morts, ils les alignèrent les uns à côté des autres, dans une clairière, pour qu’ils ne soient jamais seuls. Après l’extraction du cœur des morts, nécessaire à la création de nouveaux fahruns, le reste de leurs corps demeurait intact, immangeable par la faune. Après plusieurs années d’accumulation de ces sépultures, des fahruns du monde entier virent déposer à leur tour leurs défunts. Il y eut tant de morts que l’on commença à nommer cet endroit « le monticule ».
Il ne fallut pas moins de vingt ans avant que quelque chose d’impensable se produise. Le monticule émit un son. Alors en plein recueil, un fahrun du village crut discerner un nom : Eomna. Il rentra précipitemment pour prévenir l’un de ses compagnons. Le monticule reproduit le son et les deux fahruns en furent certains : c’était la voix et le nom de l’une de leurs amies disparues. Ne comprenant pas comment le dépôt de corps avait ainsi pu prendre vie, les fahruns de Raïtan ainsi que tous les pèlerins l’entendirent pourtant s’agiter de plus en plus au fil des jours. Ayant fusionné entre eux, les corps des fahruns ne formaient plus qu’une énorme masse difforme et suintante de leur sang huileux. Le monticule bougeait légèrement, mais ce fut surtout ses mots qui amenèrent à nouveau toute la population fahrun à ses pieds. Des voix de défunts résonnaient, bien que sommairement et brièvement. Espérant entendre à leur tour leurs proches disparus, les fahruns se mirent d’accord et emmenèrent dès lors tous leurs morts à Raïtan.
Depuis l’essor de cette tradition, très importante à leurs yeux, la plupart des fahruns souhaitent venir s’ajouter et se fondre dans Eomna, le monticule, pour ne faire plus qu’un avec le reste de leur peuple à l’heure de leur mort.
Noms féminins : Mythra, Drazalyr, Kilvanna, Mangara, Neckelya, Platie, Fery, Rubya, Thismuth, Diama.
Noms masculins : Adamath, Béryl, Saphor, Charvelion, Aldrith, Oron, Vercure, Gargeant, Lorn, Lazul.
Origines
Récemment officialisés comme peuple intelligent et civilisé, les fahruns ont, pour la plupart, des apparences et des capacités très différentes d’un individu à l’autre. N’évoluant pas au travers de naissances naturelles, ils se façonnent et apprennent de nouvelles manières de le faire au fil des générations.
Le galet
Les premiers fahruns ont vu le jour au fond des mines. Considérés comme des êtres sans émotions ni intelligence, ils ont vécu plusieurs générations d’esclaves avant de se libérer de leurs chaînes. Beaucoup ont décidé de changer de forme pour s’écarter de cette tragédie qui a touché leur peuple. D’autres, les galets, ont préféré la garder pour en faire l’outil de leur nouvelle vie.
La pierre
N’ayant jamais accepté la vie de servitude et les violences vécues par leurs anciens, certains fahruns forment leur progéniture pour qu’elle puisse massacrer tout être portant atteinte à la liberté de l’espèce. Ceux qu’on appelle « les pierres » sont dotés d’une peau plus malléable que celle de leurs pairs.
Le rocher
Contrairement aux galets et aux pierres, les rochers ont un tempérament plus craintif et préfèrent tout miser sur une forme défensive. Bien malgré eux, ils deviennent souvent les murailles de leur groupe pour arrêter les attaques de leurs adversaires.